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  • Photo du rédacteurAnaïs CD

J'ai fini par abdiquer...



J’écris cette lettre à celle qui me haïra peut-être un jour, à celle pour qui je finirai par devenir un parfait étranger. J’écris cette lettre, mais jamais tu ne la liras... Elle restera entre ma conscience et moi-même, tout comme ces nombreux poèmes. Que j’écris la nuit, d’un cœur bien trop incompris et de pensées lourdes et engourdies.


J’espère que tu m’excuseras pour mon absence, si je t’ai semblé si distant, inaccessible et froid. Pardonne-moi pour mon manque de tact parfois, pour mes emportements démesurés, pour tous ces actes manqués que jamais je ne rattraperai.


Je crois que j’ai fini par m’effondrer, écrasé d’un trop plein dans mes pensées, et dans mon cœur. Un débordement de rancœur, d’amertume, de vague à l’âme et de lassitude. Je m’épuise devant les contrariétés cumulées, je m'abîme de toutes ces angoisses écrasantes. Je peine à contrôler mes émotions, ces vertiges qui me submergent. Non…en fait je ne les contrôle absolument pas. A chaque fois, elles me ravagent comme un raz de marée, emportant tout sur leur passage.

Après quoi je me sens vidé, exténué. Mon sourire se décroche, mes rires sonnent faux, mes discours sont creux, sans saveur, sans chaleur. Je perds de mon panache, lentement je me détache. J'ai comme l'impression d'être en dehors de moi même. Non je crois que j'aimerais mieux en fait. J'aimerais être ailleurs, dans ces moments d'incertitude et de morosité profonde. Hors de l'espace, hors du temps, mettre ma vie en suspens un instant. Retenir mon souffle quelques secondes, et rester là immobile à contempler ce monde. Ce monde qui tourne sans moi, beaucoup trop vite, que bien souvent je ne comprends pas.


Alors parfois j'aimerais disparaître du regard des gens, pour n'être plus qu'avec moi même et mes pensées obsessives. Parce que finalement elles me sont devenues familières et presque quelconques. Et puis c’est qu’elles sont devenues possessives.Elles me retiennent, me tiennent, éveillé, la nuit, lors de longues insomnies. Lors d’interminables discussions avec moi-même, sur ce lit bien trop grand et vide, depuis lequel je fixe le plafond avec nostalgie. Elles enveloppent mes moments de solitude, elles tambourinent à la porte de mes incertitudes. Mais elles me rassurent, me rendent vivant, elles sont parfois l’unique lien qui me rattache à cette Terre. Car tant qu’il y aura des choses pour me tourmenter et me questionner, je garderai un pied dans la réalité.


Et puis d'autres fois, c’est tout un paradoxe, je voudrais être entouré, enveloppé de vie et de bienveillance, de chaleur réconfortante. Je voudrais enlacer toutes ces âmes qui m’ont touché, embrasser toutes ces magnifiques paroles qui ont un jour sû me faire trembler. Je voudrais que le désert de mes exils ne soit plus qu’un lointain souvenir, que mon existence recommence à m’appartenir.


Mais pour l’instant, je flirte avec les contradictions, toujours, je vis d'ambivalences, je respire l'inconstance. Je me perds dans des élucubrations sans fin. Je me démène avec mes idées bien trop emmêlées. Continuellement, je pèse le poids de mes mots avant de les laisser sortir au grand jour, je m’efforce de les choisir scrupuleusement. Et pourtant les silences pesants s’installent, les incompréhensions s’étalent. J’ai l’impression que tous ces bons mots ne sauront jamais retranscrire le tumulte qui saccage mon esprit et les tempêtes qui ravagent mon cœur. J'ai l'impression que jamais tu ne saurais comprendre.


Tu sais, je trouve ça épuisant d'être adulte... De devoir être responsable de des actes et paroles, de prendre des décisions, de faire face à la réalité et de l'accepter. Bien souvent d'accepter de s'être obstiné et tant fourvoyé. De constater qu'on a échoué, qu'il va falloir recommencer. Encore une fois… Et puis comme si l'amertume n'était déjà pas suffisamment accablante, c'est la nostalgie qui insidieusement vient s'immiscer. Elle vient frapper à la porte de mes souvenirs, les implore de revenir. Les malheureux, ils clopinent tels des chiens errants, sans trop savoir où aller. Ils espèrent juste être retrouvés et de nouveau enlacés. Car malgré leur douceur passée, ils ont quelque chose de douloureux à présent. Les réminiscences d'un bonheur lointain et presque oublié. Et moi dans tout ça, j'ai fini par abdiquer.


Alors j'espère que tu m'excuseras...


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©2024 Anais Caruso Damiani.

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