"Absence : Tout épisode de langage qui met en scène l'absence de l'objet aimé [...] et tend à transformer cette absence en épreuve d'abandon". - Roland Barthes.
Je me sens comme un con, à guetter sa présence dans l’immensité du silence, qu’elle a laissé. Mais tout ça, c’est dans ma tête, un peu cassée, depuis elle. Depuis qu’elle l’a retournée par sa simple existence, puis saccagée par son inconstance et sa distance. En réalité, j’attends sur le quai bondé d’une gare. J’essaie de me convaincre que son train aura du retard. Je crois que j’ai du mal à accepter les départs, je crois que je me refuse à son départ à elle. Mais elle était de ces oiseaux migrateurs, ayant soif de voyage, et que l’on ne retient pas. De ces oiseaux que l’on ne peut décemment pas garder en cage. Et qu’on libère à contrecœur.
Dans sa fuite, elle m’a laissé sur place. Et pour la première fois, je suis mortifié à l’idée de constater l’espace, qu’elle a laissé. Il ne cesse de me rappeler que l’amoureux s’use et s’épuise de trop de souvenirs. Et c’est souffrir que de se raccrocher à ses sourires. Alors parfois, comme ma mémoire se décide à me tourmenter, j’essaie de l’oublier. Je regarde les autres filles, j’aimerais me laisser tenter. Car l’oubli est une question de survie, une question de sursis.
Alors dans ces courts intervalles, je me laisse aller à quelques infidélités. Des mirages se substituent à son image. D’autres lèvres viennent remplacer les siennes. Dans de nouvelles étreintes, mon cœur se donne l’illusion, de battre à nouveau pour une raison. Il s’agit sûrement juste d’irriguer autre chose que mon cerveau… je donne corps à mes pensées salaces pour mieux museler mes angoisses.
Mais comme toujours, je soupire, car tout me ramène à elle. Car son absence me renvoie cette part qui me manque à présent. Je ne suis plus que la moitié délaissée d’un tout, qui n’existe plus que dans un passé qui tend à s’effacer, à m’échapper. Parfois, j’ai peur d’avoir tout fantasmé.
Et si je n’ai rêvé, et si ce n’est moi qui pour un peu mourais, j’ai peur d’y renoncer. Je serais donc celui qui reste, qui fera mine de ne pas pleurer. Alors que je ne cesserais de la voir à mes côtés, et mon corps tout entier ne cessera de la désirer.
Je n’ai jamais été à l’aise avec la mort. Je n’ai jamais su faire des adieux. Ou peut-être est-ce que je me refuse à en faire ? Déjà trop endeuillé, elle est devenue ma vérité, c’est son absence qui me l’a chuchotée.
Je me sens comme un con, car je l’ai aimée… Et c’est à présent avec le silence que je vais devoir (re)composer…
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