Attitudes et postures théâtralisées, gestes mécaniques et forcés, faux sourire, discours grandiloquents. La vie est un théâtre et le monde en est la grande scène. Dès la naissance, le rideau se lève, laissant découvrir le protagoniste principal de l’histoire, suspens. Et progressivement, le temps passe, les scènes et les actes se jouent sous les yeux du public en haleine et captivé. D’autres personnages viendront s’ajouter au récit, adjuvants ou opposants, venant rythmer et bouleverser la ligne principale de l’histoire. Certains y contribueront, ajoutant leur pierre à l’édifice de nos vies ; d’autres la freineront, la parasitant et l’entachant de leur noirceur. Comment savoir ? Les apparences et les attitudes ne révélant que parcelles d’existence, qu’aspects et faux-semblants. Les costumes et les lumières habillent et occultent la réalité, la rendant plus charmante, attrayante, éblouissante ; ou bien l’assombrissant, la défigurant, l’avilissant, flétrissant tout ce qui la compose.
L’habit offre la liberté de devenir n’importe qui, n’importe quoi. Sous ses couleurs, ses dorures, ses doublures, un simple écart ou un fossé sépare ce que l’on voit, de ce qui est véritablement.
Le rouge à lèvres vient maquiller nos mots, enjoliver nos promesses, enrober les histoires que l’on se raconte et que l’on déverse sur le reste du monde. Histoires dont on tente désespérément de se convaincre.
Maquillage et autres artifices ne font que brouiller la vraie nature des individus, masquer les affres du temps, les blessures, les mensonges, les monstres qui sommeillent en nous. Nous nous parons d'ornements, enjolivant nos existences aux yeux du monde, les rendant plus présentables, plus attrayantes. Et pourtant elles sont si sinistres, si sombres et froides. Des cachots humides et obscures renfermant les pires secrets, les pires pêchés et hontes. Tant d'erreurs que l'on voudrait n'avoir jamais commises et effacer. L'absolution tant convoitée mais inaccessible pour le commun des mortels, si pêcheur est-il. Alors, nous nous enveloppons de tout ce qui pourrait dissimuler aux autres notre vraie nature, nos inclinaisons parfois douteuses et déraisonnées. Des penchants inhérents à notre espèce, impossibles à réprimer, mais qui pourtant sont repoussés, répudiés.
Le monde n'est pas disposé à faire face à son immondice, il ne peut regarder la débauche et le chaos dans lequel il s'engouffre toujours un peu plus. Parce qu'il est toujours plus facile de se berner d'illusions, de se parer des plus grands artifices pour atteindre cet idéal que l'on ne sera jamais. Ce rêve que l'on touche du doigt mais qui jamais ne se concrétisera, comme un songe auquel on aurait pensé en s'extirpant du sommeil sans parvenir à s'en souvenir.
À la manière de comédiens, d’acteurs, nous endossons des rôles qui nous font rêver, mais que nous savons pertinemment inaccessibles. Une belle mise en scène, avec trucages et effets spéciaux, une vaste étendue de poudre aux yeux. Un monde merveilleux en apparence, une vie rêvée, enviée, jalousée. Mais finalement, incommensurable fumisterie.
Mesdames et messieurs, installez-vous confortablement, la représentation va commencer...
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