Pourquoi s’obstinent-elles à rester ? À s’éterniser entre les draps défaits ? Pourquoi faut-il toujours qu’elles s’évertuent à parler ? À raconter leur vie ?
Dès lors qu’elles ouvrent la bouche, le charme ne s’opère plus, il se perd. Le voile se lève pour me ramener à une réalité que je fuis (j’avoue), que je rejette corps et âme. Écouter c’est s’imprégner, c’est apprendre et comprendre. C’est connaître, pour faire naître (quelque chose). Et moi je ne sème pas, je ne s (aime) ème plus. Le cœur trop lourd, le cœur trop plein de tant de romances, pour lesquelles je me suis un peu perdu moi-même à chaque fois. Mon existence est un jardin désert et aride, où j’ai cessé d’espérer y voir fleurir les roses, pour lesquelles je me suis épris, un temps, passé maintenant. Aujourd’hui, je les cueille au détour des comptoirs, des trottoirs. Je les effeuille, je froisse quelques-uns de leurs pétales déjà chiffonnés. Je m’écorche sur leurs épines, je m’abîme, c’est mon propre cœur que je piétine. Et pourtant, c’est à peine si je le sens, si je le ressens. Un mort-vivant, vivant de ces chairs pour lesquelles je me perds. À chacun ses vices, ses avarices.
Alors ne pourraient-elles pas simplement être belles, sensuelles et se taire ? Laisser leur corps et leur féminité parler pour quelques heures durant, pour quelques heures mourant.
Les alléger de leurs courtes jupes dénudant déjà ces longues jambes élancées qui me font tourner la tête, entre lesquelles je me perdrais volontiers. Les découvrir de leurs chemisiers légers et vaporeux qui voilent à peine la finesse de leur lingerie et la grâce de leurs courbes. Les débarrasser de ces dentelles, dont la transparence les dissimule bien trop à mon goût.
Plonger mes doigts dans leur chevelure, jouer avec malice avec quelques mèches indociles, et espérer qu’elles le soient. Je veux des beautés sages, tout autant qu’elles soient sauvages.
Laisser mes mains se perdre sur chaque parcelle de leurs corps frêles et délicats. M’enivrer du parfum suave de leurs peaux. Me noyer dans ces eaux (nouvelles), que je redécouvre chaque nuit.
Laisser leur cœur se taire et leur chair me plaire. Leurs soupirs saccadés pour me complaire, leurs gémissements étranglés pour me satisfaire.
Je ne veux pas aimer, je n’en ai pas besoin. Je veux juste me soûler de ces ondines mutines. Un shoot d’adrénaline. Un sang nouveau dans mes artères, abandonner mes repères, fermer les yeux sur mes travers et fuir un peu mon calvaire. Un vrai crevard, je crache sur les égards, que je remise au placard. Un énième connard… (n’est-ce pas ?).
Crédit photo : Annie Spratt @anniespratt
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