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N'y allons pas par quatre chemins...

Photo du rédacteur: Anaïs CDAnaïs CD


Un monde pressé, une société gangrénée et dégradée, une génération désenchantée, des êtres désabusés. On veut de la vélocité, de la facilité, de la brièveté, de l’expéditif, du fugitif. On court après un temps qui nous échappe, que l’on perdra assurément. Une véritable course contre la montre, pernicieuse obsession qui nous fait perdre de vue l’essentiel. Il faut vivre en accéléré, il faut brûler les secondes malicieuses pour bousculer les choses, il faut brûler les étapes. Dans ce fourmillement d’âmes au sang chaud, aux passions bouillonnantes et tumultueuses, on s’enfièvrera, on se heurtera, on s’écorchera, on se détruira chaque instant pour se sentir vivant.


Car puisque les choses qui durent finissent par s'essouffler, pourquoi s’évertuer à bâtir ce qui va immanquablement s’effondrer ? Et dire que tant de fous se sont épuisés à protéger ces frêles flammes des vents violents et persécuteurs continuels. Mais que nous est-il donc arrivé ? On se laisse tenter, on se laisse emporter, alors on s’enlace, puis on se lasse et on se laisse. On s’attire, on s’attise. Commence le compte à rebours, “quand est-ce qu’on fait l’amour ?”. Plaisirs fugaces, on s’embrasse; le temps des caresses, on se blesse; puisque l’amour est surfait, viennent encore et toujours les regrets. Une nuit partagée, mais déjà oubliée. “C’est quoi son nom déjà ? - Oh de toute façon je ne la rappellerais pas”.

Adieu le sentimental, les passions se voudront toujours brutales. Car le romantisme se meurt, à l’orée de sa dernière heure, dans une tentative désespérée de faire valoir sa nécessité.

Soyons logiques, soyons pragmatiques, laissons de côté tous ces espoirs chimériques, reflet toujours plus fidèle de notre désespoir. La réalité nue est bien plus crue. Dépouillée de tous les artifices qu’on a bien pu fabriquer : magie, idéaux qui auraient pu nous rassurer, mais qui rapidement se sont vus évincés par des problématiques déjà trop ancrées. Nombreux sont ceux qui ne croient à présent plus aux contes de fées.

Alors peu à peu il nous faut dire adieu à tous ces mondes imaginaires peuplés de nobles valeurs et de purs sentiments. Car sempiternellement refoulés à nos frontières, ils demeurent de douces utopies, des trésors que seulement on espère, des souhaits que l’on ne formule plus qu’en prières.

Les attachements vont et viennent, ils se tissent au gré des pratiques et usages, des modes qui dictent et martèlent le tempo à suivre. Et la cadence s’accélère, le maître d’orchestre s’agite devant son pupitre : aujourd’hui est fait de complicité, mais demain on se sera sûrement oubliés. Car jour après jour les rencontres se multiplient : des visages sans cesse différents, des voix venant se perdre dans un tumulte assourdissant. On regarde le monde sans vraiment le voir, on ne cherche plus le caractère unique, mais ce qui nous ressemble et qui nous rassure : des copies conformes, des copies qu’on forme. Et dans un égocentrisme exacerbé, on poursuit cette quête de nous-mêmes à travers les autres : le même schéma de pensée, la même mentalité, les mêmes mécaniques, dans une parfaite exactitude. On redoute l’adversité dans ce qu’elle a d’incompréhensible, trop d’inconnues dans l’équation. On la rejette dans ce qu’elle a d’assomant, on s’est déjà trop épuisé aux grandes découvertes et les quêtes héroïques ont perdu de leur attrait.


Alors on a cessé de pourchasser l’exceptionnel, se contentant du conventionnel.La singularité s’incline à contrecœur devant la médiocrité.

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©2024 Anais Caruso Damiani.

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