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La tête dans les étoiles...

Photo du rédacteur: Anaïs CDAnaïs CD


Quand j’étais enfant, durant les vacances d’été, nous avions cette habitude avec ma mère, de descendre dans le jardin le soir, et y installer une large couverture dans l’herbe. Nous nous y allongions, tout emmitouflés, bravant la fraîcheur des nuits qui enveloppait les hautes cimes. Et là, dans ce vaste écrin de nature, nous nous laissions absorber par l’immensité céleste qui se dressait devant nous. Une toile immense, sur laquelle venaient se poser de minuscules petits diamants, par dizaine, par centaine, par millier. Qu’en savais-je ? Ma modeste comptabilité peinait à dépasser les milliers encore. Malgré tout, je me lançais dans l’entreprise de répertorier tous ces petits soleils. Je comptais, recomptais, je me perdais dans mes calculs bien trop sérieux. Un si petit être qui déjà se voulait empreint d’une grande rigueur scientifique. Je me démenais dans un combat intérieur connu de moi seul. Je me demandais comment les grandes personnes avaient pu recenser toutes ces étoiles. Alors qu’il me semblait en voir apparaître sans cesse de nouvelles à chaque seconde. Ça me paraissait fou ! Et ma mère riait discrètement de m’entendre souffler et de me voir aussi absorbé par cette tâche Ô combien fastidieuse.


Mais l’enjeu de toutes ces soirées, le spectacle tant attendu, c’était la pluie d’étoiles filantes ! Je trépignais d’impatience chaque jour précédant cet événement qui rythmait mes étés depuis mon plus tendre âge et mes premiers pas en ce monde. J’étais persuadé d’avoir passé une sorte de pacte avec l’univers entier et ses étoiles; que nous devions nous retrouver tous les mois d’août, à la même date, sous ce même ciel toujours aussi vaste pour le petit être que j’étais. Et chaque année à cette même période, c’était dans un travail quotidien et acharné, que je réfléchissais à mon unique vœu. Je me triturais l’esprit, mille idées allaient et venaient à toute allure, me donnant presque le tournis. Je voyais ces petites boules et leur traînée lumineuse, comme des génies célestes dotés de pouvoirs magiques. Je voulais tout demander, mon imagination était sans borne. Mais j’avais peur que les étoiles ne comprennent pas toujours mes requêtes, ou bien qu’elles ne puissent pas les exaucer. Et puis quelle tristesse de devoir réduire l’infinité de mes rêves à une seule demande. C’était déchirant, mais j’y parvenais tant bien que mal.


Et le moment venu, je guettais le ciel avec une excitation démesurée pour un si petit bonhomme. J’étais impatient de retrouver mes étoiles. Car finalement, j’avais le sentiment d’avoir tissé un lien avec elles. Malgré leur immense distance, je me sentais tout proche d’elles. Alors j’attendais, impatient, les yeux rivés sur cet infini qui s’étirait au-dessus de moi, le cœur empli d’espoirs, prêt à exploser. J’avais tellement peur de les manquer que je faisais preuve d’une concentration absolue.

Et finalement, elles étaient là, étirant leurs filaments dorés pour venir percer la nuit noire. Moi j’étais toujours aussi émerveillé, les yeux pétillants, la bouche grande ouverte, je retenais mon souffle. Alors ma mère m’encourageait tendrement à faire un vœu.

Je fermais alors mes yeux si fortement que j’en voyais des couleurs, et je répétais silencieusement mon vœu dans ma tête, avec force et conviction. Et quand je les rouvrais, je retrouvais l’immensité de ce tissu scintillant. Je débordais d’optimisme et d’empressement, que mes souhaits se réalisent.

En attendant, je restais là, rêveur, la tête dans les étoiles.


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©2024 Anais Caruso Damiani.

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