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Photo du rédacteurAnaïs CD

La belle et la lettre...



Je t’écris à nouveau, j’en ai besoin parfois, quand le poids de mes maux se fait trop lourd sur mon cœur, quand le poids des mots m’épuise et m’écœure. C’est encore une lettre que tu ne liras jamais, que je n’expédierais jamais. Elle viendra rejoindre toutes les autres, enfermées et scellées dans leur enveloppe pour toujours. Elles attendent désespérément, dans l’écrin d’une malle qui prend déjà la poussière, que quelqu’un un jour les trouve. Que la curiosité soit plus forte que la discrétion et les convenances, et que dans un élan d’impertinence, il porte aux yeux du monde tout ce que je n’ai pas su te dire.


Je t’écris à nouveau, car je ne sais rien faire de mieux, car les mots ont toujours su habiller mes grands airs bien trop miteux. Car je laisse derrière moi tant de regrets et de silences, là où j’aurais dû te prendre dans mes bras, tout dire, faire pour une fois preuve de vaillance.


Te dire ô combien j’aimais ton sourire, ton rire et toute cette malice pendue au coin de tes lèvres, que je ne me lassais jamais d’embrasser. Ces yeux espiègles, qui embrassaient le monde et défiait toutes ces règles. Tes cheveux en bataille que tu peinais toujours à dompter, mais dans lesquels j’aimais tant me noyer, et jouer avec tes mèches délicates et indisciplinées. Ton parfum doux et fruité, qu’au creux de ton cou je respirais avec avidité. Le son de ta voix, si calme et posé, qui a toujours su apaiser mes impétuosités et mes tourments démesurés.


Te dire ô combien j’aimais que tu me disputes avec tes airs de petit chef autoritaire, derrière lesquels tu dissimulais mal ton grand cœur pas si solitaire. Que tu joues les professeurs, à m’expliquer le monde et ses rouages pendant des heures. Ta curiosité sans limites, sans frontières, habillée de laquelle tu te faisais aventurière. Nos doigts entremêlés, nos mains l’une à l’autre attachées. Tes étreintes et ton corps contre le miens, ta présence dans mon quotidien, ta silhouette toujours sur mon chemin. Ta douceur si pure qui me renvoyait parfois ma piètre allure. Ta bienveillance, toujours, ta patience, ta tolérance, et ta tendresse malgré mes nombreuses maladresses.


Car je t’ai aimé tu sais. Je t’ai aimé comme jamais je ne l'avais fait auparavant. Intensément, passionnément, de manière totalement déraisonnée, comme un dératé. J’aurais fait n’importe quoi, j’aurais donné mon souffle pour t’aider à reprendre le tiens, j’aurais donné mes mots quand les tiens se perdaient sur tes lèvres. Je t’aurais donné ma force pour te relever quand le poids du monde se faisait trop lourd. J’aurais souffert, le cœur ouvert, serré les dents, le corps battant.


Alors aujourd’hui je t’écris car par moment je repense à tout ce qu’on est capable de laisser derrière nous, ces souvenirs, ces histoires. Parfois sciemment, c’est une page qui se tourne, un nouveau chapitre qui s’apprête à être écrit, de nouveaux espoirs. Parfois à regret, sans que ce soit réellement notre décision, une fatalité que l’on se doit d’accepter sans même pouvoir négocier. Je t’écris car tu as été une de ces héroïnes qui m’ont bouleversé, tout mon être ravagé. Car tu as été un de mes plus beaux romans.

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