En ces pensées, je m'abîme, je succombe, sous la puissance des magnifiques visions. Je la verrais [...] Tout, oui, tout, comme englouti par un abîme, disparaît devant cette perspective. - Werther
Le paradoxe réside, en ce que dans ces moments de profond bonheur, d’extase, dans ces élans de passion… que je sois sujet à quelques accablements. Un écroulement sur moi-même, de nous-mêmes. Comme si tout ce que nous avions pu bâtir pouvait, par une simple brise, un simple souffle, disparaître. Pire. Comme si tout n’avait été jusque-là qu’une vaste illusion. Peut-être que je rêve encore au moment où j’écris ces mots.
Car malgré les instants de joie pure, je m’écorche, je m’afflige, et m’inflige des blessures. Car c’est ton nombre de mes ecchymoses que je peux dire combien je l’ai aimée, combien je l’aime encore. Les corps indemnes ne peuvent se targuer d’avoir souffert d’aimer. Moi, j’ai livré des batailles, que je ne compte plus. J’en ai perdues plus que j’ai pu en gagner. Mais la mémoire de ces combats que mon corps (cœur) a pu garder, les cicatrices qu’il rougit d’arborer, me tirent toujours vers l’espoir de frôler un jour du doigt cette douceur qui semble me fuir. Ou peut-être est-ce moi qui je fuis ? Vers un abîme où je me fonds, je me perds, je me noie et me dilue. Et cet abîme c’est elle.
C’est en elle que je meurs un peu. Beaucoup. Car c’est en elle que j’existe à présent. Mon errance, mon existence ici-bas, n’ont plus de sens que dans l’écho de son prénom, dans les effluves de son parfum, dans la saveur sucrée et vanillée de sa peau. Car je ne trouve plus ma place nulle part ailleurs que dans son image, dans son reflet ; mon ombre s’immisçant désespérément aux côtés de la sienne. Comme un chien qui suit docilement son maître. Je ne m’appartiens plus désormais.
C’est auprès d’elle que je m’abîme le mieux…
Crédit photo : Annie Spratt @turnlip19
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